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Mardi 18 décembre 2001

Pour des raisons techniques (pas d'appareil photo, pas de scanner), ces chroniques sont assez peu illustrées. Eh bien, réjouissez-vous, à terme, votre page web préférée Amarelia (TM) vous donnera accès à un stock important de photos boliviennes typiques et même anthropologiques.

De quoi s'agit-il? Eh bien, mon amie Miriam Vargas (voir les épisodes précédents), anthropologue de son état, travaille actuellement sur une thèse dont je ne connais pas l'intitulé exact, mais qui discute des rapports entre les autochtones boliviens des campagnes et l'image.

Précision: j'emploie ici la circonlocution bavarde "autochtone bolivien des campagnes" (que j'abrégerai plus bas en ABC) pour ne pas dire "Indien" -- terme considéré ici comme non seulement inexact mais aussi raciste --, et pour ne pas dire non plus "paysan" (campesino), terme politiquement correct employé ici, mais qui évoquerait certainement plus José Bové qu'Atahuallpa à mes lecteurs francais.

Bref. La thèse de Miriam, disais-je, concerne les rapports que les ABC entretiennent avec l'image, et tout particulièrement les images qui les représentent: photos, cartes postales, mais aussi dépliants d'éducation populaire diffusés dans les campagnes analphabètes par des organisations non gouvernementales à la tête aussi pleine de bonne volonté que de clichés éculés: pour les ONG, l'ABC typique mâche la coca, porte un bonnet à oreillettes et une flûte de Pan, etc.

Le sujet ne vous paraît peut-être pas passionnant quand j'en parle, mais ce serait différent si Miriam vous en causait. Sa thèse est, en très gros, que ces gens ne voient pas du tout dans l'image ce qu'on voudrait qu'ils y voient, et qu'il s'agit beaucoup plus pour eux de clichés racistes méprisants que de moyens de les aider à se développer.

Bref. Pour ses recherches, Miriam et d'autres personnes de son équipe ont pris plein de photos des ABC dans leurs activités quotidiennes, assez souvent en négociant leur contenu avec les personnes qu'elles représentent. Ce sont donc non seulement des photos d'ABC, mais aussi d'ABC représentés tels qu'ils souhaitent se voir. Tout ce matériel aussi anthropologiquement pertinent que politiquement correct est en train de prendre la poussière dans les armoires d'un musée de Sucre.

Il y a deux jours, à l'heure du dîner, Miriam discutait de la chose avec une Néerlandaise nommée Anne-Lise, laquelle bosse d'ordinaire à Amsterdam dans l'université qui finance le projet de Miriam. Anne-Lise est géographe et non anthropologue, mais ca ne l'empêche pas d'être actuellement en mission à Sucre pour, si je comprends bien, jouer les mouches du coche et s'assurer que le projet de Miriam avance.

Comme je me trouvais à table avec ces deux charmantes personnes, j'ai évidemment entendu cette conversation qui ne me concernait en rien. Et devinez ce que j'ai dit? J'ai dit: au lieu de laisser moisir ce matériel dans un placard, vous feriez mieux de le diffuser sur Internet. Et vlan, ca y était, j'étais embarqué (avec mon consentement plein et entier) dans un projet de diffusion sur Internet de matériel anthropologique. Le pire, c'est que la nommée Anne-Lise ne parlait pas du tout en l'air: pas plus tard qu'hier, nous sommes allés tous les trois négocier la sortie des négatifs du musée qui les détient actuellement, puis discuter les prix du tirage de ces négatifs auprès d'un laboratoire des environs.

Mais je ne vais pas en dire plus sur cette passionnante aventure, car il faut que je me presse de mettre cette chronique en ligne. La suite au prochain numéro.



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