[ Retour à Amarelia ]

Vendredi 21 décembre 2001

Je suis arrive en bon etat a Cochabamba, la ville la plus sympathique du monde a defaut d'etre la plus belle (encore qu'elle se defende plutot bien en la matiere). Je ne manquerai evidemment pas de parler de ce merveilleux patelin qui change tout le temps -- mais plus il change, plus il est pareil. Cependant, aujourd'hui, je vais plutot pondre une chronique d'actualite recente.

Il y a quelque chose comme une semaine (le dernier jour ou je me trouvais a La Paz) a eu lieu dans la banlieue de la Paz, sur l'avenue Kantutani pour ceux qui connaissent, un hold-up spectaculaire et sanglant. Une camionnette transportant l'aguinaldo d'une grande entreprise (l'aguinaldo, ce sont les etrennes, c'est-a-dire a peu de choses pres l'equivalent du treizieme mois), une camionnette, dis-je, a ete attaquee par des braqueurs d'un genre tout a fait semblable a celui dont les convoyeurs de fond francais se plaignent: des gens qui flinguent sans sommation. En l'occurrence, le bilan a ete particulierement sanglant (trois morts), car le camion n'etait pas blinde et les convoyeurs n'avaient pas de gilet pare-balles.

Ce n'etait pas du tout le premier hold-up de ce genre, il y en avait deja eu une bonne demi-douzaine du meme type dans les derniers mois, tous attribues a une bande seule et unique, bien qu'ils aient eu lieu tantot a La Paz, tantot a Santa Cruz et parfois meme a Cochabamba. Mais cette fois, il y a eu trois morts d'un coup, et un butin record, de l'ordre du demi-million de dollars si ma memoire est bonne -- ce qui, pour ici, est vraiment enorme.

La police s'est immediatement fait traiter de tous les noms, le president a promis qu'on allait mettre le paquet (a titre anecdotique, il a meme obtenu de l'ambassadeur des Etats-Unis la promesse de l'aide de la CIA en cas de besoin)... et quatre jours apres, toute la bande ou peu s'en faut a ete arretee.

Eh bien, bravo? Ben pas vraiment, parce qu'on a appris par la meme occasion que la bande en question, composee en grande partie de malfrats peruviens (ce qui est ici tout a fait dans l'ordre des choses) etait aussi commandee... par un colonel de la police bolivienne. L'opinion publique, ingrate comme il se doit, en a tout de suite conclu que l'explication de ce succes policier aussi rapide que stupefiant etait tout simplement que les flics connaissaient la bande depuis le debut... et la couvraient.

Pour un observateur europeen, cela parait a priori relever de la parano: la bande a parfaitement pu etre coffree aussi vite parce que sa trace etait facile a suivre depuis son dernier coup d'eclat (un des assaillants avait ete gravement blesse, et avait pisse le sang sur des kilometres). Et il y a des brebis galeuses partout, n'est-ce pas. Mais ici, c'est la Bolivie, ou on se trompe vraiment rarement en supposant qu'une autorite publique est corrompue... Alors je ne sais pas. Enfin, ce qui est sur dans l'immediat, c'est que toute la bande passera Noel a l'ombre (et elle n'a d'ailleurs pas lieu de s'en plaindre, parce que c'est vrai qu'il fait tres chaud au soleil).



This page hosted by Get your own Free Home Page
1