UN PERSONNAGE VALLORCIN

Marie-Longine Claret
épouse Devillaz

Marie Claret est née sans doute à Barberine, dans une maison maintenant détruite, sise au-dessus de celle de Camille Ancey, le 15 mars 1856. Elle était la fille de Virginie Claret, née en 1829, et la soeur d'Alexandre Claret, père de Léon qui devint plus tard le propriétaire de l'Hôtel Savoisien à Chamonix, et de Nicolas dit Edouard, qui alla s'installer en Algérie où il fit souche.

Elle épousa le 7 avril 1881 Joseph Devillaz, dit "le petit sergent", bien qu'il n'ait jamais pour sa part effectué de service militaire (il bénéficia au tirage au sort d'une exemption pour future paternité). Le surnom lui venait de son père Joseph, dit pour sa part le Sergent pour avoir effectivement porté ces galons.

Avant son mariage, elle alla travailler comme bonne à tout faire, en particulier dans les hôtels. C'est ainsi qu'elle se rendit, à pied en passant par les cols du Salenton et d'Anterne (une douzaine d'heures), à Sixt et même à Samoens. Elle portait alors sur son dos une petite caisse en arolle contenant ses affaires personnelles. Dans une autre place, à l'hôtel du Châtelard près de Servoz, elle se fit traiter de voleuse, racontait-elle, simplement pour avoir mangé un restant de pommes de terre cuites de la veille.

Elle finit par accumuler trois mille francs d'économies qu'elle apporta en dot lors de son mariage le 7 avril 1881. Cela lui permit de prendre ses beaux-parents en viager dans la maison de Barberine où elle passa ensuite toute sa vie. Cette maison a depuis été nommée la Marie-Joseph en l'honneur des grands-parents par la famille Henri Mugnier.

De ce mariage naquirent onze enfants, tous mâles sauf l'aînée, mort-née. Sur les dix garçons il y eut deux fois des jumeaux dont l'un mourut en bas âge, et sur les huit vivants, sept furent mobilisés à la guerre. Edouard disparut le 13 octobre 1914 à Ecuries dans le Pas-de-Calais. Toute sa vie, sa mère continua d'espérer son retour.

Parmi ses activités, il y avait le jardinage où elle était une vraie pro. On l'appelait "la mam du courti" et les cousins du Plan-Droit venaient chercher chez elle des plantons.

Dans l'armoire de la maison se trouvait, soigneusement pliée, une tunique blanche qu'elle avait elle-même tissée en toile de lin. "C'est l'habit des filles de Marie", disait-elle à sa petite fille, "il faudra me la mettre quand je partirai, avec la croix de bois." C'est ce qu'on a fait au mois d'avril 1938.

Le 15 août de la même année, son mari la rejoignit. Un an plus tard mourait son voisin Séraphin Ancey et avec eux une grande part du vieux village de Barberine.

D'après les souvenirs de sa petite-fille Marcelle,
épouse Mugnier, du vieux Servoz.