UN PERSONNAGE VALLORCIN

Amandine Burnet
née Chamel (1886-1969)

Amandine Chamel est née en 1886 au hameau du Laÿ. Elle était le deuxième enfant de Clément Chamel et la première fille qu'il avait eue avec sa seconde femme Adélaïde Berguerand.

Elle se maria le 29 novembre 1911 à Vallorcine (le même jour que sa soeur Octavie) avec Alfred Burnet du Couteray, auquel elle donna une fille Léa, née en 1912, puis deux garçons, Albert et Antoine.

La vie lui fut bien rude, comme à beaucoup de Vallorcins et Vallorcinnes de sa génération. Son mari, mobilisé en 1914, fut blessé une première fois, mais dût ensuite repartir pour le front. A l'occasion de sa deuxième blessure, il fut porté disparu. En fait, gravement touché, il fut sauvé par un Allemand et fait prisonnier. Il ne put écrire à sa femme qu'il était encore en vie que beaucoup plus tard, après l'armistice, alors qu'il était encore en captivité. Il ne fut rapatrié qu'en 1919.

Pendant la guerre, Amandine vécut au Couteray avec son beau-père Joseph Burnet dont la fille, Joséphine, s'était elle-même mariée en 1911 avec Gaston Ancey des Biolles. Il lui fallut assumer les travaux de la terre en plus de ceux du ménage, sans négliger l'éducation de sa fille.

Elle se mit à la tâche avec courage. Elle fauchait aussi bien qu'un homme. Ce fut une période de pauvreté, les terres du Couteray ne permettant de nourrir qu'une seule vache.

Son mari revint, mais ses blessures lui valurent une forte invalidité. Elle dut donc continuer à manifester sa vaillance morale et physique et eut, en plus, la charge d'élever ses deux garçons: Albert, né en 1920, et Antoine, deux ans plus tard.

A partir de 1924, la situation matérielle s'améliora: Alfred hérita de son oncle Edouard, dit Edouard aux bessons, une maison au Sizeray. Les propriétés permirent dès lors d'entretenir quatre vaches, ce qui demanda en même temps plus de travail. La famille se déplaçait, faisait les remues en passant les quatre mois d'hiver au Sizeray. L'été, on vivait au Couteray, mais on descendait faire les foins en bas. Sur les quatre bêtes, trois montaient à Loriaz, et on gardait la quatrième au chalet "derrière la chapelle", où il fallait aller la traire. D'autre part, quand le tour était venu, il fallait aussi aller faire la tomme de chèvre à la laiterie de la Poya.

La seconde guerre mondiale, vu l'agrandissement du troupeau, fut moins dure que la première, mais, quand les deux fils furent mobilisés en février 1944 dans l'armée des Alpes, il fallut faire appel à un aide pour s'occuper des terres. Pour sa part, Amandine continua alors à assumer une partie du travail des hommes.

D'ailleurs, son activité était constante. Elle montait, par exemple, au-dessus de la Poya, avec la hotte sur le dos, pour ramasser du bois dans les communaux. Elle y allait aussi du côté des Granges. D'ailleurs, quand les enfants étaient "en champ aux vaches", elle leur avait appris à faire des tas de branches tirées du bois proche, ou encore à toujours revenir avec le troupeau une branche à la main. C'était son principe: "Il ne faut jamais rentrer à la maison les mains vides."

Amandine Burnet est morte en 1969, cinq ans avant son mari, laissant à tous le souvenir de son sens pratique et de son courage quotidien.

Nota. Il y a souvent des homonymies dans la vallée. Ainsi faut-il distinguer Amandine Burnet née Chamel, du Couteray -- à qui cet article est consacré -- d'Amandine Burnet née Ancey, du Morzay.