LEXIQUE DE PATOIS

Vocabulaire de la cuisine et du repas

I - Notions générales

La pièce où l'on fait la cuisine est l'méson (ne pas confondre avec la méson = le lieu où on habite). C'est le lieu pour cuire = cuèr les aliments = le m'dzi (voir paragraphe II) ou la couzna, pour réchauffer un plat = ritseu. On y consomme tout repas = m'dzi, c'est-à-dire le déjeuner (du matin) = l'diznon, le dîner (de midi) = l'din-na, le goûter = la mérda, le souper = la fin-na. On y prépare le casse-croûte = la tâca (far la tâca = préparer le sac contenant le repas à emporter), on y met le repas en train (sur le feu) = mètre chu.

Quand j'ai faim = dzé fan, il me faut manger = m'dzi; quand j'ai soif = dzé sè, il me faut boire = bèr (cf. abé = abreuver). Je m'arrête quand je suis rassasié = dzé preu m'dzia. Quelquefois, on a bien (ou même trop bien) mangé = étre dzoubo, au point qu'on va vomir = digueu, ou qu'on est saoul = étre chu.

 

II - Aliments et boissons

Il y a d'abord les denrées de base: le pain = l'pan, le vin = l'vin, le sel = la sa, le poivre = l'pèvre, la farine = la farna, le sucre = l'socre (un morceau de sucre = on gran de socre), le lait = le la, la crème = la flo-eu, avec laquelle on fera le fromage = le fri, le beurre = l'bour; on obtiendra le petit lait = la létcha, on fera le sérac = l'séré; et même avec le liquide qui reste quand on a fini de battre le beurre = l'batu, on fera une sorte de fromage blanc.

Autre denrée de base, l'oeuf = l'ua (les oeufs = lou jua), qu'on fait cuire (un oeuf cuit = on ua cué) ou qu'on va gober = go tout cru. N'oublions pas les indispensables pommes de terre = li tartifle, qu'on accommode de tant de façons, par exemple en purée = la pé. Il y a aussi tous les légumes: les côtes de bette = li dzote, les carottes = li rèbne, les choux = lou tsu, les choux-raves = lou rava-tsu, les haricots = lou péfajo, les épinards cultivés = li z ipnotse, ou les épinards sauvages = la vercuin-ne; la salade = la salada, les pois = lou pè, le céleri sauvage = l'lapio, les fèves = li fave; et, pour l'assaisonnement, le serpolet = l'pio, la ciboulette = la branlète. Avec tout cela, on peut faire la soupe = la spa. Le corps gras favori est le lard = l'bacon, qu'on utilise notamment pour faire le farçon = l'farson, garni de ses prunes ou pruneaux = li pron-me, ou poires = lou pèrè, ou raisins = l'rzin. On emploiera plutôt l'huile = l'oulio pour les beignets = li bougnète, les croûtes dorées = li crute, les rissoles fourrées = li r'zle ou les rissoles légères, vides à l'intérieur = li tchantchourne. Autres douceurs appréciées: le riz au lait = l'ri eu lafé, le miel = l'mi, une tartine de confiture = 'na litse.

En contraste avec ces douceurs, on a du vinaigre = le v'nègre, qu'on fait à la maison, dans une sorte de bocal spécial = le v'négrir.

N'oublions pas les aliments carnés: la viande = la tsir, qui sera de boeuf = l'bu (même mot pour le taureau), de cabri = le tchévrè, ou de cochon = l'pouèr, lequel fournit l'indispensable jambon = l'dzanbon et les saucisses = li sfsè. On mange aussi parfois du poulet = l'po (le coq = l'po-eu), des poules = li dzenille.

Pour bien digérer et bien dormir, on boit volontiers la tisane = la tizan-na avant d'aller au lit.

 

III - Meubles de cuisine

On voit d'abord la table = la trâbla, à ne pas confondre avec le buffet = la trablâ. Les couverts sont rangés dans le tiroir = l'tran, une toile cirée = na téla chirya recouvre la table; on la remplace par une nappe = on manti aux grands jours. Pour faire la vaisselle = far li z eze dans la bassine à vaisselle = l'go (une bassine plus petite = on govèyon; un seau = on sizelin), on utilise la lavette à vaisselle = la pata d'li z eze, on essuie avec le torchon = l'tortson. Autres meubles: le banc = l'ban, la chaise = la sala. Pour terminer, on utilise le balai = l'coeuva, puis on donne un coup de serpillière = la panossa.

 

IV - Ustensiles

Lorsque l'heure du repas s'approche, je dispose sur la table, pour chaque convive: l'assiette = l'achite plate, ou l'assiette creuse en poterie = l'icoile, la cuiller = la coulyi, la fourchette = la fortseta, le couteau = l'qeu. Arrivent ensuite la soupière = la spire et la louche = l'potson. On a déjà sorti les légumes et viandes de la marmite = la brontse, avec l'écumoire ou poche percée = la potse percha, et on les a mis dans un plat = on pla. On se sert aussi, suivant les besoins, de la poêle = la péla (à ne pas confondre avec la pélâ, la purée), ou de la cocotte = la grélèta, pour faire le farçon = l'farson, ou la fricassée = la frécadia à la sauce au sang de cochon = la sauce cofe. On a un chaudron spécial pour la nourriture du cochon = la cachula, différent, bien sûr, du chaudron à fromage = la casse. Le beurre fondu est dans la toupine = la toupna. Le café se fait dans la cafetière = la caftire; le thé dans la théière = la téyire. Se trouvent encore dans la cuisine une passoire à lait = l'colu, une boîte à sel = na bta a sa, etc.

 

V - Le feu et la cheminée

L'hiver, tout le monde apprécie la bonne chaleur = la tso que fournit le feu (même mot pour la flamme) = l'fua de bois = bouè, qui brûle = bourlâ dans le fourneau = l'fuarnè ou, plus anciennement, dans l'âtre = l'foyi. On y voyait la potence (pivotante) = l'cmâclye, sous la grande ouverture de la cheminée = la bourna qui monte vers le ciel. Si on lève la tête, on aperçoit les volets orientables = lou ta qui l'ouvrent ou la ferment plus ou moins suivant le vent. On voit aussi les bâtons à saucisses = lou bâton di seufsè, et les jambons qu'on fume = fouma l'dzanbon. Evidemment, ça sent un peu la fumée = l'fon. Et quand il y a trop de suie = la chutsa, il faut ramoner avec un petit sapin = ramonâ avoué on bosnè, car il ne faudrait pas qu'il y ait un feu de cheminée = l'fua daeu la bourna! Quand on n'a plus besoin du feu, on le laisse baisser, il reste les braises = li braze et les cendres = li saeudre qu'on arrange et où on peut rôtir des pommes de terre; attention que ce ne soit pas trop brûlé = rétchina!