IL Y A DE CELA DEUX CENTS ANS

Vallorcine entre
dans la République française

Lors de notre exposition de 1989 sur Vallorcine au XVIIIe siècle, nous avions expliqué que le bicentenaire de 1989 n'avait pas de signification particulière pour notre vallée. En effet, nos ancêtres avaient racheté leurs droits seigneuriaux en 1786 et au moment de la réunion des Etats généraux ils étaient toujours sujets du roi de Piémont-Sardaigne. Ce n'est qu'en septembre 1792, avec l'entrée en Savoie des troupes du général de Montesquiou, que la Savoie va devenir tout ensemble française et républicaine. Dès lors, jusqu'à la chute de Napoléon en 1814, l'histoire de Vallorcine se confond avec l'histoire de France. Les Archives d'Annecy en témoignent.

Nous avons cru intéressant et utile de rappeler ces événements en dressant la liste des premiers actes officiels de la commune de Vallorcine et en reproduisant dans les pages qui suivent trois documents caractéristiques de cette époque --  dont nous parlerons aussi cette année au musée.

N.B.: Les lecteurs d'E v'lya pourront compléter leur information en lisant la quatrième partie (p. 45) du premier chapitre du livre écrit par Françoise et Charles Gardelle, Vallorcine, histoire d'une vallée. Ce livre se trouve en vente chaque été à la Maison de Barberine.


Les affaires communales
entre l'hiver 1793 et l'été 1794

Liste des actes relatifs aux affaires communales de Vallorcine, département du Mont-Blanc, district de Cluses, de l'hiver 1793 à l'été 1794, figurant aux archives d'Annecy, n° 4LI47.

 

Janvier à novembre 1793

1 - Procès verbal de l'assemblée de la commune de Vallorcine pour l'élection des conseillers municipaux et du maire (28 janvier 1793, an II) (voir pp. 10 et 11).

2 - Inventaire des biens ecclésiastiques (3 mars 1793).

3 - Comparution de Claude-François Pellerin, curé, qui refuse de prêter serment et réclame un passeport pour se rendre en Valais (4 mars 1793).

4 - Plaintes déposées par les douaniers César François, receveur, et François Troupet, lieutenant, pour attentats nocturnes accompagnés de coups de feu, contre les logements qu'ils habitent à Vallorcine, chez Jean-Jacques Vuillod et Joseph Burnet (22 avril 1793).

5 - En réponse au questionnaire du district, affirmation qu'il n'y a ni noble ni prêtre dans la commune, ni lieu, par conséquent, d'en saisir les armes; qu'il y a cependant deux soldats enrôlés de force dans le ci-devant Régiment de Genevois (Jean-Louis Burnet et Michel Ancey) (24 avril 1793).

6 - Procès verbal de la descente de trois des quatre cloches du clocher, la quatrième laissée à l'usage de la commune, cloches d'ailleurs cassées dans leur chute (2 novembre 1793).

7 - Liste des trente-huit Vallorcins convoqués en conseil sur réquisition du procureur de la commune (mâles non mariés et veufs sans enfants de 18 à 25 ans et célibataires de 25 à 40 ans). Répartition par patronymes : 12 Ancey, 5 Berguerand, 6 Boson, 5 Burnet, 2 Claret, 3 Devillaz, 1 Dunand, 1 Semblanet, 1 Velet, 2 Vulliod (19 novembre 1793).

8 - Liste des mâles vivants non mariés de 25 à 40 ans: vingt-quatre. Distorsions notables entre les deux listes: on trouve dans la seconde 2 Chamel, 4 Claret, 1 Charlet, 1 Cros, 2 Dunand, 2 Semblanet (20 novembre 1793).

9 - Affirmation qu'il n'y a pas d'émigré dans la commune, sauf le curé Pellerin, qui n'a laissé aucun bien à Vallorcine; donc pas de saisie à effectuer (23 novembre 1793).

10 - Même relevé des mâles célibataires ou veufs que dans le document n° 7, aboutissant au même total (trente-huit), mais liste dissemblable (le 19 et le 20 novembre).

11 - Affirmation qu'il n'y a ni cheval, ni âne ni mulet dans la commune de Vallorcine (25 novembre 1793 - 5 frimaire an II, première date indiquée selon le calendrier révolutionnaire).

12 - Réaffirmation qu'il n'y a pas d'émigré dans la commune, qu'on ne peut y faire figurer les indigents qui vont travailler dans une autre paroisse et que les armes remises à la commune ont été envoyées à Chamonix. Enfin, bilan du passage des Piémontais et des exactions commises (dix-neuvième jour de la deuxième décade du deuxième mois de l'an II).

 

Ventôse an II

13 - Acte relatif au ramassage des cendres (autres que celles servant aux lessives dans la commune) pour les transporter à Chamonix avec demande que les journées ainsi employées soient payées (19 ventôse an II).

14 - Acte relatif à une collecte de chanvre effectuée chez les particuliers, et qui n'a rien produit (décadi 20 ventôse an II).

 

Pluviôse an II

15 - Acte relatif à la culture des biens ci-devant ecclésiastiques (23 pluviôse an II).

 

Germinal an II

16 - Acte relatif à la déchirure de la Mappe par les volontaires cantonnés dans la commune (coffre la contenant forcé dans le "temple") (17 germinal an II).

17 - Venue du citoyen Thévenot, nommé par le district de Cluses, afin: 1°, d'établir la liste des défenseurs de la patrie ayant droit aux secours; 2°, de vérifier la destruction des objets du culte; 3°, de faire exécuter l'arrêté du citoyen Albitte concernant les suspects, inexistants dans la commune (19 germinal an II).

 

Floréal an II

18 - Réunion du conseil municipal pour entendre Jean-Joseph Burnet, qui déclare n'avoir jamais eu l'intention d'émigrer, mais s'être absenté pour faire revenir son fils du Valais (19 floréal an II).

 

Thermidor an II

19 - Sur l'ordre reçu de nommer un garde national, le conseil choisit Jean, fils de Claude Joseph Dunand (12 thermidor an II).

20 - Certificat attestant que le citoyen Jean Berguerand n'est pas en état de fournir un volontaire pour le bataillon national du citoyen Albitte (17 thermidor an II).

 

Fructidor an II

21 - Réponse aux réquisitions de l'agent national:

1°, il y a peu de laine et pas de commerce de laine dans la commune;

2°, la récolte de grains a été mauvaise;

3°, pas d'aveugle dans la commune (26 fructidor an II).