LEXIQUE DE PATOIS

Vocabulaire de la maison

Nous avons parlé dans le n° 7 d'E v'lya de tout ce qui concerne la cuisine (l'méson). Voyons la maison (la méson) elle-même, dont les fenêtres (na fnétre) avec leurs pots de fleurs (lou boqyè) nous invitent aimablement.

On entre évidemment par la porte (la pourta) en passant sur la pierre de seuil (l'lindar). On suit le couloir latéral (l'étro) si la maison est ainsi faite; et, après avoir traversé la cuisine, on se rend dans la pièce principale (l'pèle). Notons qu'il existe dans certaines maisons une chambre située derrière le pèle (l'pèle déri). Dans cette première pièce, on trouve la table (la trabla), des chaises (la sala), le poêle (l'fourné), la pendule (l'orlodze), le lit (la qeutse) des maîtres de maison, et un berceau (on bri) s'il y a un bébé. Le lit peut être pourvu de hauts pieds entre lesquels s'encastre une sorte de lit-tiroir (l'birio) à roulettes; c'est la place pour un jeune enfant.

A côté du bois de lit (l'ipanda) on peut trouver l'artse-ban, coffre de rangement dont on peut tirer parti pour monter sur le lit, assez élevé, ou pour s'asseoir, ou pour y placer une chandelle (na tsandela). On se sert aussi pour s'éclairer de la lampe à huile (l'crozolè), à ne pas confondre avec la lampa (à pétrole).

Les enfants plus grands couchent dans une chambre plus petite (lou tsambron), à l'étage. Dans le plancher de cette chambre (qui n'est autre que le plafond du pèle; un même mot, l'solan, désigne d'ailleurs le plancher et le plafond), on pratique une découpure. En enlevant la pièce de bois amovible ainsi obtenue (l'tavè), on permet la montée de l'air chaud.

Si la maison comporte d'autres chambres (la tsambra) pour des habitants adultes ou des hôtes de passage, on y trouvera sans doute, outre le lit, une armoire (na garderobe) ou un coffre (on icrin) ou encore une commode (na cmôde); comme cuvette, on go, sorte de seille; un récipient en bois pour l'eau (on sizelin). Au-dessus des lits il y a parfois un chapelet (on tsapelè) et traditionnellement un crucifix; on trouve aussi ce dernier au-dessus des portes et dans la cuisine.

Le confort de ces chambres n'est pas très élaboré; bien sûr, le lit comporte une paillasse (na palyasse), un traversin (on traversin), des draps (l'dra; changer les draps: tsanzi lou dra), des couvertures (na crevirta), un édredon (on duvè), des coussins (on coussin) avec leur taie (la foure ou la fourette, selon la taille). Pour chauffer le lit (itseudâ la qeutse), on emploie une bouillotte (na botelye d'éve tsôde) ou une brique (na brica). On pouvait aussi réchauffer les draps sur le poêle de Bagne; au dernier moment on les enroulait et on faisait le lit avec. On s'endort (s'indremi) vite (j'ai sommeil: dzè sono), car on doit se réveiller (s'disonâ) et se lever tôt (s'levâ matin).

Passons à l'écurie: pour les vaches et les chèvres l'boeu, et l'boeutse pour le cochon. On y trouve aussi le poulailler (l'dzenyé). Pour nourrir les animaux, on prend des brassées (na bracha) de foin dans le tas (la titse) de la grange (la grandze), et on les fait tomber dans les crèches (lou rètse) par un trou spécial (l'denieu).

On garde au frais les denrées alimentaires à la cave (la câve) ou au cellier (l'sertô). Quant à la chute, c'est la partie annexe de la maison, l'abri où l'on entrepose le fumier.

Il y a, hors de la maison, mais à proximité, le grenier (l'grâgni) où l'on garde les habits (lou z âlyon), ceux du dimanche et ceux qui servent à protéger de la pluie (on afouble), ainsi que les papiers de famille (lou papi). Le four à pain (l'fouar) est un petit bâtiment distinct, propriété collective du village. Le bois est empilé sous les avant-toits de la grange à blé (na titse de boè deu rgâ).

Pour satisfaire les besoins naturels, la nuit on fait pipi à l'intérieur dans le lussé, carré de terre battue à l'entrée de l'écurie, sur lequel on répand de la litière, sinon on va "dans la raie" (ae la rè) de l'écurie. Le jour, on utilise à l'extérieur la petite construction spéciale (la caqir).

Pas plus que de sanitaires, il n'y a d'eau à l'intérieur. Pour s'en procurer, il faut sortir et aller au bassin (l'boulyé), où arrive l'eau de la source (la souarse) par la rigole (l'tsené) creusée dans la terre, ou en bois (la tsna), qui alimente le tuyau d'arrivée (l'aeutse) sur le bassin; il y a toujours de l'eau fraîche, à moins qu'un bouchon ne se soit formé quelque part (l'eau est tarie: y a pa mé d'éve).

Dernière adjonction extérieure dont peut bénéficier la maison: un rucher (n'avelyi).

Nous n'avons pas voulu ici faire une description complète de la disposition des maisons, mais seulement passer en revue le vocabulaire courant.

Yvette Ancey