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Jeudi 31 janvier 2002

On se rapproche de la période du Carnaval, et par ailleurs c'est l'été et il fait très chaud. Donc, la coutume annuelle est absolument respectée: tous les jeunes crétins passent leurs journées à jeter des bombes à eau (en fait, des ballons en caoutchouc remplis de flotte) sur toutes les jolies filles qui passent. Ces dernières ne se plaignent pas trop car ces plaisanteries de mauvais goût sont quand même des compliments, d'une part, et ça rafraîchit un peu d'autre part.

Ce n'est pas la seule cause de l'insécurité dans les rues, et Cochabamba ne connaît plus une seule journée où il n'y ait une manifestation de producteurs de coca, qui s'achève brutalement quand les flics envoient les grenades lacrymogènes.

Ces flics anti-émeutes portent l'uniforme normal de la police militaire (treillis et casque), mais pour qu'on les reconnaisse bien le gouvernement a eu la délicate idée de leur faire tailler des costumes dans un tissu moucheté noir, gris et blanc, qui leur vaut le gentil surnom de "dalmatas" (dalmatiens). Il ne faut pas confondre les dalmatas anti-émeutes avec les leopardos (léopards) qui, eux, portent un costume moucheté jaune, noir et brun, et dont la mission est de casser la gueule des paysans sur leur lieu de travail, dans les zones de production de la coca.

C'est très rigolo, tous ces costumes. Presque aussi amusant que la couleur des plumets des Horse Guards de Sa Gracieuse Majesté Britannique.

Les producteurs de coca sont assez mobilisés en ce moment (quoique on les ait souvent vus plus furieux) car le député du Chapare (la région de production de la coca), un nommé Evo Morales, a récemment été éjecté du Parlement par ses pairs pour pouvoir répondre devant la justice aux accusations d'incitation à l'émeute et même de meurtre (voir les épisodes précédents). Les cocaleros seraient sans doute moins fumasses si cette levée de l'immunité parlementaire n'était pas systématiquement refusée s'agissant de députés appartenant au parti de l'ex-dictateur Banzer, y compris quand ces députés sont accusés de corruption et de lien avec le crime organisé (voir les épisodes précédents, bis). Le Parlement a quand même été sensible à la critique, puisque hier, le gendre de Banzer a été lui aussi éjecté du Parlement. On l'accuse de corruption, et depuis des mois ça ne l'avait pas empêché d'exercer ses fonctions de député comme si de rien n'était.

Aux Français qui ricanent, je ferai observer que le président de la commission des finances de l'Assemblée nationale de notre beau pays est un certain Henri Emmanuelli, condamné en première instance, puis en appel, puis débouté en cassation, pour des faits de corruption totalement avérés.

A part ça, je passe une importante partie de mes journées à coller des étiquettes sur des photos... Ce passionnant exercice vise à éviter la pagaille dans les quelques centaines de photos anthropologiques que je dois diffuser sur le web (voir les épisodes précédents, ter), et qui sont en train d'être scannées. Ca m'occupe et ça me pompe l'air, raison pour laquelle je pense que je ne vais pas être beaucoup plus bavard aujourd'hui.

Je rappelle à l'honorable assistance publique que les ceusses qui veulent des détails peuvent toujours m'écrire à jlancey@rocketmail.com. ¡Hasta pronto!



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