UN PERSONNAGE VALLORCIN

Alcide Berguerand

Alcide Berguerand (dit Alcide à Dzôze, parce que son père s'appelait Joseph) est né dans la maison familiale du Plan d'Envers le 13 février 1876. Comme le plus souvent à Vallorcine, la propriété, même compte tenu de l'écurie des Parts du Plane, était assez petite et ne permettait d'élever que deux vaches et quelques chèvres.

Il effectua son service militaire en 1896 au deuxième régiment d'artillerie de Grenoble (2e batterie; voir photographie ci-contre).

Il se maria le 4 septembre 1903 avec Lucie Claret du Mollard, la soeur du futur maire Louis Claret dont nous avons parlé dans la revue l'an dernier. De cette union naquirent deux garçons, Anatole et Firmin (voir photo page suivante), et une fille, Lucienne (voir arbre généalogique ci-dessous).

Comme celle de son village natal, la vie d'Alcide Berguerand fut transformée et même bouleversée par l'arrivée du train P.L.M. à Vallorcine en 1908. Dès cette date, il devint, comme on dit de nos jours, bi-actif, ajoutant à son travail d'agriculteur le métier de poseur. Il occupa même la fonction de chef de brigade des poseurs pour la zone Vallorcine-Argentière. Son chef de district, M. Bouchard, était installé à Chamonix, et ce fut le chef de brigade du secteur Servoz-Le Fayet, M. Chesnais, qui l'initia dans son travail. On peut voir Alcide Berguerand, remarquable par sa haute taille, sur la carte postale figurant en page de couverture de ce numéro: c'est le troisième en partant de la droite. On peut le voir aussi sur la photo (antérieure à la guerre de 1914) représentant un groupe de poseurs vallorcins (page suivante) entretenant la voie au lieu-dit Tré-la-Cute, entre la gare du Buet et la gare internationale, comme on la nommait à l'époque.

Si l'arrivée du chemin de fer a amélioré la situation économique des familles de Vallorcine dans lesquelles ont été recrutés des cheminots, elle fut aussi pour Alcide Berguerand et les siens l'origine d'un affreux malheur: la mort de l'aîné Anatole et la grave blessure de Firmin le cadet, lors de l'accident du 4 juillet 1910 (voir p. 8).

Ajoutons que non seulement la famille ne fut pas indemnisée par le P.L.M. ou les sous-traitants responsables, mais que plus tard, lorsque Firmin, le rescapé, voulut lui-même "entrer au chemin de fer" comme son père, il se le vit interdire en raison de son handicap, c'est-à-dire de sa jambe grièvement atteinte en 1910.

"Affecté spécial" comme un bon nombre de cheminots, Alcide Berguerand échappa à la guerre de 1914-1918, au cours de laquelle devait mourir parmi de nombreux autres Vallorcins, son beau-frère Louis Claret.

Alcide Berguerand prit sa retraite en 1932 et mourut dans son village natal le 18 février 1938. On l'enterra au cimetière paroissial à côté de son fils Anatole.