DOSSIER

Les maires de Vallorcine
depuis l'annexion

Dans le n° 5 d'E v'lya, à l'occasion du bicentenaire du premier rattachement de Vallorcine et de la Savoie à la France, nous avons eu l'occasion de parler de l'élection du premier maire républicain Jacques Claret. Nous sommes pour l'instant dans l'impossibilité, à défaut d'archives en mairie, d'expliquer ce qui s'est passé entre cette date de 1793 et 1860. En revanche, les registres de la mairie qui commencent en 1862 (peut-être n'avait-on pas l'habitude d'en tenir auparavant) nous permettent de donner la liste des maires et des adjoints de ces cent trente dernières années, non sans quelques interrogations quant au rythme et au mode de désignation -- nous les mentionnerons au passage.

Les Vallorcins pourront voir en tout cas dans la liste qui suit, illustrée de photos des maires de 1900 au lendemain de la deuxième guerre, que la plupart des noms de la vallée s'y trouvent représentés et que plusieurs épisodes curieux -- ou parfois dramatiques -- ont marqué cette histoire.

Le premier acte notifié dans le registre le plus ancien, en date du 23 mai 1863, est signé du maire Jean-Joseph Chamel. Il est encore en poste le 31 mai 1865 mais, le 26 septembre 1865, sans aucune mention d'élection antérieure ni explication, le maire signataire est Claude Mermoud.

Ce dernier reste en poste jusqu'au 23 octobre 1870, jour où a lieu une séance extraordinaire du conseil, sous la présidence de Jean Semblanet, adjoint, "en l'absence du maire empêché pour raison valide". Jean Semblanet est alors élu "maire provisoire". On trouve le 8 octobre 1876 le premier procès verbal d'élection, où le maire Jean Semblanet est élu par 9 voix sur 12, avec comme adjoint Joseph Bozon (par 7 voix contre 5 pour Jean-Marie Claret). Le 21 janvier 1878, le même maire est réélu par 10 voix sur 12, mais Jean-Marie Claret devient son adjoint.

Se présentant pour un troisième mandat, Jean Semblanet, le 23 janvier 1881, est battu (par 9 voix contre 2) par Félicien Berguerand. Jean-Marie Claret est réélu adjoint à l'unanimité.

Cependant, un arrêté préfectoral du 12 août 1881 (motif inconnu pour l'instant) impose une nouvelle élection du maire. Le conseil municipal, le 28 août 1881, se réunit en l'absence des deux maires précédents et sous la présidence de l'adjoint Jean-Marie Claret, qui est élu maire par 8 voix sur 9 présents; son adjoint est Michel Dunand.

Rebondissement le 8 janvier 1888: Jean-Marie Claret, démissionnaire et absent du conseil, cède sa place à son prédécesseur. Félicien Berguerand est élu par 8 voix sur 11 (chose étrange, il n'est pas fait mention d'élection d'adjoint). Cette élection en conseil municipal est confirmée le 20 mai suivant, après les élections du début du mois. Félicien Berguerand est réélu par 10 voix contre 1 à Maurice Bozon et 1 à Michel Dunand, lequel est à son tour désigné de nouveau comme adjoint.

Le 15 mai 1892, Félicien Berguerand est encore réélu avec 7 voix contre 4 à Joseph Bozon. Quant à Michel Dunand, il est réélu adjoint.

Cependant, dès le 30 avril 1893 (démission ou décès de Félicien Berguerand?), son adjoint Michel Dunand lui succède, obtenant 8 voix contre 3 à Joseph Bozon. Philippe Claret est choisi comme adjoint.

L'élection du maire au printemps 1896 se révèlera particulièrement difficile: les deux premiers tours laissent les deux candidats à égalité de voix, 6 contre 6. Il s'agit de Joseph-Vincent Ancey et de Maurice Chamel. Pour se reposer, le conseil décide de passer au choix de l'adjoint. Or, ce n'est pas plus simple: aux deux premiers tours, Clément Burnet et Joseph-Marie Claret sont à égalité, 6 à 6. Le premier nommé l'emporte en tant que le plus âgé, à l'issue d'un troisième tour encore égal. Reste à élire le maire. Les adversaires de Maurice Chamel font une erreur tactique : ils présentent Alexandre Ancey, qui obtient 5 voix, tandis que Joseph-Vincent Ancey en garde 1. Dès lors, avec ses 6 voix fidèles, Maurice Chamel est élu maire.

Il le restera dix ans. Il est réélu en 1900 par 10 voix contre 1 à Bonaventure Burnet; Joseph-Marie Claret devient adjoint. Mêmes résultats en 1904, Joseph-Marie Claret, candidat malheureux au poste de maire, est réélu brillamment à celui d'adjoint, prenant ainsi sa revanche de 1896.

Autre rebondissement le 11 novembre 1906 (sans explication, mais sans doute après démission de Maurice Chamel, d'ailleurs présent en séance), Jean Ancey (du Nant) obtient 10 voix contre 1 à chacun de ses deux adversaires Claret, Séraphin et Joseph-Marie; ce dernier reste adjoint.

Episode amusant le 17 mai 1908, puisque Jean Ancey se représente et est d'ailleurs élu avec 10 voix, contre 2 à un autre Jean Ancey, des Plans, dit Jean à la Tsarlette (ou Charlette, surnom de sa mère née Charlet et épouse de Joseph Ancey -- voir E v'lya n° 5). Le même Jean Ancey des Plans subit une autre déconvenue, puisque Louis Claret l'emporte sur lui par 7 voix à 4 pour le poste d'adjoint.

Le 19 mai 1912, ce même Louis Claret (voir p. 10) est élu maire dès le premier tour de scrutin, par 11 voix contre 1 à Félix Chamel et, de la même façon, Antoine Dunand l'emporte sur Henri Burnet pour le poste d'adjoint.

Arrive la guerre de 1914. Le maire, l'adjoint et deux des conseillers municipaux sont mobilisés. Henri Burnet est délégué pour remplir la fonction de maire par intérim (et non le maire précédent, pourtant présent au conseil). Il continue à le faire jusqu'au 20 décembre 1918, date à laquelle Louis Claret est toujours noté comme absent, alors qu'il était mort depuis plusieurs mois. Etait-il alors porté seulement disparu, et non décédé?

Fait notable, le 1er mars 1919, la séance est présidée par l'adjoint Antoine Dunand (au cours d'une permission sans doute, puisque par la suite Henri Burnet reprend son intérim). En tout cas, le 10 décembre 1919, il est élu maire par le conseil municipal, avec 8 voix contre 2 à Antoine Dunand, qui reste adjoint.

En 1925, situation inchangée: Henri Burnet est réélu contre Antoine Dunand qui demeure adjoint.

En 1929, Henri Burnet, qui figure sur la liste des conseillers comme industriel (il exploitait le moulin et la scierie du Couteray) est réélu par 10 voix contre 1 à Albert Claret, qui pour sa part est désigné comme cultivateur, ainsi que les neuf autres conseillers. L'adjoint est Marc Chamel, qui bat ainsi Albert Claret. Cependant, le 25 juin 1933, sans explication (à la suite d'une démission de Marc Chamel?), André Devillaz est élu adjoint.

En 1934, le conseil tout entier démissionne pour soulever, déjà, les problèmes de désenclavement. Henri Burnet est réélu à l'unanimité avec le même adjoint, après des élections extraordinaires.

Le 19 mai 1935, à l'issue des élections intervenant dans un délai normal, Henri Burnet est encore réélu par 11 voix contre 1 à Louis Ancey et 1 à André Devillaz, qui demeure adjoint.

Au cours de la seconde guerre mondiale, André Devillaz succède à Henri Burnet, sans doute démissionnaire pour raisons de santé. Le 4 mai 1941, Henri Burnet préside la séance comme maire; à la séance suivante, le 15 juin 1941, c'est André Devillaz qui est ainsi officiellement désigné. Henri Burnet est absent de la séance, sans qu'aucune explication soit donnée; et bien sûr, il n'y a pas eu d'élections municipales organisées dans la commune à cette époque, en pleine guerre.

Pour la période de l'après-guerre, nous nous contenterons de rappeler les noms des maires (en gras) et des adjoints, qui sont dans toutes les mémoires: 1944, Sylvain Ancey, Marcel Ancey; 1947, Eloi Berguerand, Albert Burnet; 1949, élection complémentaire suite au décès d'Eloi Berguerand: Albert Burnet, Marcel Ancey; 1953, Albert Burnet, Armand Ancey; 1959, Albert Burnet, Sylvain Ancey; 1965, Maurice Canat, Charly Ancey; 1971, Maurice Canat, Michel-Georges Ancey; 1977, puis 1983, Philippe Ancey, Robert Chamel et Charly Ancey; 1989, Georges Bidault, Robert Chamel et Patrick Ancey.

On pourrait faire toutes sortes de commentaires sur l'historique qui précède. Il n'est pas surprenant qu'un adjoint soit souvent promis à devenir maire. En revanche, le nombre important de démissions, ou de disparitions en cours de mandat, a davantage de quoi surprendre. La vie municipale paraît avoir été assez souvent agitée, même en dehors des élections. La longévité d'Henri Burnet dans la fonction (vingt-deux ans) n'en est que plus remarquable.

Michel Ancey


Les 17 maires de la commune

1862-1865, Jean-Joseph Chamel
1865-1870, Claude Mermoud
1870-1881, Jean Semblanet
1881, Félicien Berguerand
1881-1888, Jean-Marie Claret
1888-1893, Félicien Berguerand
1893-1896, Michel Dunand
1896-1906, Maurice Chamel
1906-1912, Jean Ancey
1912-1918, Louis Claret
1918-1941, Henri Burnet
1941-1944, André Devillaz
1944-1947, Sylvain Ancey
1947-1949, Eloi Berguerand
1949-1965, Albert Burnet
1965-1977, Maurice Canat
1977-1989, Philippe Ancey
Depuis 1989, Georges Bidault