Nous avons consacré un article du numéro 5 d'E v'lya à l'émigration des Vallorcins, et en particulier à ceux qui avaient quitté leur vallée pour la région parisienne. Maurice Canat, mort en 1995, nous avait à ce propos envoyé une longue lettre que nous avons publiée dans le numéro 7. Il y faisait allusion à une compatriote dont l'enfant qu'il était aurait bien voulu fréquenter la boutique, puisqu'elle tenait une confiserie près de la rue du Louvre. C'est cette commerçante parisienne que nous présentons cette année à nos lecteurs en précisant les souvenirs poétiques de notre ancien maire.
Marie-Ida Mermoud est née le 18 décembre 1879 à Vallorcine au hameau du Plan d'Envers.
Elle était le septième des huit enfants de Jean-Baptiste Mermoud et de sa femme Séraphine Dunand. Comme beaucoup d'autres jeunes gens de la vallée, elle s'en alla "travailler dans les hôtels" (voir l'article sur Marie-Longine Claret, E v'lya nº 4, p. 6).
Elle y rencontra Wilhelm Gasser, né lui-même le 21 mars 1877 à Hallau-le-Bas en Suise allemande dans le canton de Schaffhouse. C'était un esprit très aventureux pour l'époque: il était déjà allé aux Etats-Unis. Il décida Ida à s'installer à Paris où ils se marièrent le 6 juillet 1907. Dès lors, ils tinrent une confiserie au 40 de la rue St-Placide (rue très commerçante, conduisant du quartier Montparnasse au grand magasin du Bon Marché; la rue est toujours très fréquentée, mais les commerces ont bien changé: on trouve au 40 une boutique de chaussures et une autre de vêtements).
Le 16 mai 1930, ils changèrent de quartier pour s'installer au 11 de la rue du Pélican, petite rue qui débouche dans la rue Croix-des-Petits-Champs (1er arrondissement), qui conduit elle-même de la rue de Rivoli à la place des Victoires. Le registre du commerce, au numéro 29 739, enregistre sous l'enseigne du Mortier d'or un épicier-confiseur du nom de Guillaume Gasser, sans indication ultérieure de cessation de commerce. Actuellement, l'angle des rues du Pélican et Croix-des-Petits-Champs est occupé par le bar-brasserie de l'Engadine. C'est un quartier touristique fréquenté par les employés de la Banque de France et les visiteurs du Louvre.
Jusqu'à l'année de leur décès, survenu en 1941, les époux Gasser menèrent à Paris une vie de travail: fabrication de bonbons, caramels, berlingots, spécialité de dragées, liqueurs, etc.
Ils ne semblent pas avoir eu beaucoup de connaissances savoyardes, mais les quatre frères d'Ida -- Jean-Baptiste, Marc, Isaïe et Luc -- venaient de Paris leur rendre visite.
Est-ce l'exemple de son beau-frère et de sa soeur qui incita le dernier cité à fonder dans les années 1930 une épicerie-mercerie à Vallorcine? Jusqu'à il y a fort peu (1995), cette boutique était tenue par Paulette Mermoud, la filleule de Marie-Ida.
Le couple Gasser eut un fils, Jean, qui vit actuellement à Bagneux dans la région parisienne, et qui a largement profité de Vallorcine en se replongeant dans le berceau familial à toutes les vacances scolaires. Nous le remercions de tous les renseignements qu'il nous a fournis, ainsi que sa cousine Marie-Louise Krounba, née Mermoud.