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La révolution de la voiture électrique

 


Le salon de l'automobile à Genève, le 3 mars dernier, a fait la part belle aux voitures électriques. (D.R).

Longtemps rêvée, la voiture électrique devrait bientôt parcourir les routes françaises. 2010 sera l'année de la voiture propre nous disent les constructeurs. Alors mythe ou réalité?

 

« Les gens m'arrêtent dans la rue pour savoir ce que c'est ! », se réjouit Felix Felicien, un des premiers postiers à conduire une voiture électrique sur les routes de France.  Son coût de fabrication et le manque de maîtrise technologique avaient empêché sa commercialisation à grande échelle (seulement 30 000 véhicules dans le monde sur plus d'un milliard !), mais 2010 sonne le glas de cette trop discrète existence. Les constructeurs automobiles le jurent, une gamme complète de voitures propres vont être mises sur le marché cette année ou début 2011. Le salon de l'automobile de Genève, le 3 mars dernier, a été une belle illustration de cette révolution en marche. Après les constructeurs comme Renault, Mitsubishi ou Toyota (qui peut se targuer que sa voiture hybride « Prius » ait été le modèle le plus vendu en 2009 au Japon), les marques les plus prestigieuses, Porche, Ferrari, ou Lamborghini ont présenté leur bolide. Entièrement électrique, cette nouvelle génération de voitures surfe sur la vague de la conscience écologique puisqu'il n'émet pas de gaz à effet de serre.

A quel prix ces voitures seront-elles vendues ?

Carlos Ghosn, pdg de Renault, a promis que l'électrique ne coûtera pas plus chère que l'essence. La marque au losange affiche un grand optimisme (le groupe table sur 10% de part de marché du véhicule électrique) et se positionne pour devenir un des leaders mondiaux en la matière. Le constructeur y voit son salut après la crise de l'année dernière qui a mis a genoux l'ensemble du secteur mondial de l'automobile. L'Etat n'est pas étranger au retour à la mode presque soudain de la voiture électrique puisqu'il a octroyé quelque 6 milliards d'euros d'aides publiques au secteur. Il s'est par ailleurs engagé dans le cadre du Grenelle de l'Environnement à verser 5 000 euros de bonus écologique pour tout achat d'un véhicule propre, sans compter la prime à la casse, ramenée à 700 euros, mais qui est toujours là. Les incitations financières à l'acquisition d'un véhicule propre sont donc nombreuses. Le surcoût lié au caractère innovant de cette nouvelle gamme devrait perdurer encore mais est amené à s'estomper avec la mise en concurrence des différents modèles. Le gouvernement table sur la mise en circulation de 2 millions de véhicules électriques d'ici 2020. Une prévision jugée optimiste par une récente étude du cabinet Bain & Company. Au niveau français, ces experts considèrent que le marché se situerait aujourd'hui à 100 000 unités par an si les prix des modèles « propres » débutaient à 10 000 euros.

La technologie est-elle mûre ?

Le développement de la voiture électrique est lié aux améliorations techniques importantes de ces dernières années. L'autonomie a toujours été un talon d'Achille à la mise en circulation. Longtemps réduite à de 50 km, la capacité des nouveaux véhicules s'élève désormais à 200-250 km. Des performances suffisantes pour les citadins, coeur de cible des premiers véhicules électriques. Le gain d'autonomie a été obtenu grâce à l'exploitation d'un minerai: le lithium. Elément indispensable au stockage d'électricité, on le trouve déjà dans nos batteries de téléphones ou d'ordinateurs portables et maintenant de voitures. Cette nouvelle génération d'accumulateurs haute performances devrait favoriser l'intégration du véhicule électrique dans les zones urbaines dans un premier temps. Car avec une moyenne de 80 km parcourus par jour par habitant, l'autonomie et les performances des nouveaux modèles (vitesse pouvant atteindre 130 km/h) satisfont aisément une conduite citadine. Un usage d'autant plus justifié que la voiture électrique surclasse aisément toutes ses concurrentes en termes d'émission de CO2 et de pollution sonore.

Y aura-t-il des contraintes ?

La problématique de la recharge est au centre des interrogations sur le niveau de contraintes du véhicule électrique. Les constructeurs automobiles en concertation avec les distributeurs et fournisseurs d'énergie ont planché sur la question. L'enjeu de cette réflexion était de trouver les solutions les moins contraignantes possibles pour les automobilistes tout en conservant l'intégrité du réseau électrique de l'Hexagone, qui sera soumis à rude épreuve en cas d'intégration massive d'une flotte de VE. Trois solutions de recharge ont été avancées. La recharge longue, au moins 6 heures, sur une prise électrique classique. Cette solution a l'avantage d'être accessible à tous et de réduire les investissements d'infrastructures dédiées. La recharge rapide, une demi-heure, nécessite quant à elle une borne spéciale qui pourra se trouver dans les parkings privés (Vinci en est déjà dotées) ou sur le lieu de travail. Enfin, l'échange de batterie ou « quickdrop »  est un service proposé par des sociétés pour remplacer la batterie vide par une pleine, en cinq minutes. Rapide et efficace. Ces trois alternatives existeront simultanément. Elles permettront de créer un maillage assez important pour assurer un service suffisant aux automobilistes. Cela va se traduire par de lourds investissements dans des infrastructures de recharge. C'est pourquoi ERDF, le principal distributeur d'électricité en France, a créé un groupe de travail, à la demande de Jean-Louis Borloo, ministre de l'Ecologie, chargé d'évaluer la faisabilité technique et l'effort financier que cela représente. Des compteurs spéciaux ont déjà été installés sur des sites pilotes pour estimer la quantité d'énergie supplémentaire qu'il faudra fournir pour substituer l'électricité à l'essence. En terme de conduite pure, Felix Felicien le confirme « c'est très agréable ». Les poussées d'accélération se sentent instantanément, la conduite est fluide et la voiture est extrêmement silencieuse. Un peu trop au goût de l'association des victimes des accidents de la route qui craint que cette absence de bruit n'entraîne une hausse des accidents.

Plus que l'année du déclic, 2010 sera une année de tests pour le véhicule électrique. Les consommateurs les plus pressés pourront prendre le volant de la « mini-e », la version électrique de la « mini », au deuxième semestre de l'année ou de la Blue car de Bolloré, en partenariat avec l'italien Pininfarina, mais en location et pour six mois seulement... Courage aux impatients.

Romain Chicheportiche

 

 

Auto'lib, pour une intégration en douceur

Après le succès du Vélib, ces vélos en libre service, la mairie de Paris étend le système aux voitures. La liste des entreprises ayant répondu à son appel d'offres a été rendu publique. Six candidatures ont finalement été retenues: celle du consortium composé par Vinci, SNCF, RATP et Avis, le loueur ADA, Interparking (société belge de location de parkings), Extelia (filiale de la Poste), VTLIB' (Veolia transport urbain) et le groupe Bolloré avec sa Blue car. Ce dernier estime que la barrière psychologique d'un véhicule marchant à l'électricité est encore vivace et mise sur la location ponctuelle pour combattre les préjugés. Une stratégie qui offre également l'avantage d'offrir un débouché supplémentaire au groupe français.

 

 

 

Le sport auto aussi se met à l'électrique

Samedi 5 décembre dernier à Val Thorens à l'occasion du Trophée Andros, les amoureux du sport auto ont eu le droit à une petite révolution de palais. Et dans le rôle du prince, Christian Estrosi, ancien pilote moto. Le ministre de l'Economie, de l'Industrie et de l'Emploi a donné le coup d'envoi de la 1ère course 100% électrique. Huit pilotes dont Nicolas Prost (fils du pilote Alain) et plusieurs personnalités (Laurent Wolf, DJ ou encore Elodie Gossuin, Miss France 2001) se sont affrontés sur la glace de la plus haute station d'Europe. Au total, ce sont douze volontaires qui ont joué des manettes pendant deux mois sur sept circuits pour une victoire finale du fils Prost.

Côté technique, ces apprentis pilotes ont du trouver leur marque. Même si les véhicules présentent de belles caractéristiques techniques (140 chevaux contre 340 pour les « non-électriques), elles posent quelques problèmes d'adaptabilité : pas de bruit et batteries limitées (situées sous le siège passager, elles possèdent une autonomie de 30 minutes et se rechargent aux stands). Mais chez les pilotes, on se veut rassurant : « Tout le monde peut conduire les voitures électriques » revendique Franck Lagorce qui officie dans des deux catégories (Elite et électrique). Pour Max Mamers, à l'origine du prototype « Andros Car » : « c'est vraiment un outil exploitable ». Même s'il faut encore quelques évolutions d'après Mamers avant que le produit ne soit fini : « C'est de nous que viendront les homologations futures. Lorsque nous avons équipé les Jaguar de freins à disque aux 24 Heures du Mans (en 1953), tout le monde rigolait. Aujourd'hui toutes les voitures en ont ! ». La route est toute tracée.

Antoine Apra

     

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