- Coach de vie, à boire et à manger
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Coachs de vie, à boire et à manger
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Depuis les années 80, le coaching est passé du milieu sportif aux entreprises, puis des entreprises aux foyers.
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Super nanny, Pascal le Grand frère, Queers, Les rois de la drague,
C’est du propre, le coaching
n’a jamais autant inondé le paysage audiovisuel. Un folklore qui ne
fait que refléter la prolifération réelle du coaching, passé du monde
du sport à celui de l’entreprise, pour finalement envahir nos foyers.
Dans le vide juridique du « coaching de vie », certains professionnels
veulent créer une réglementation; d’autres ne s’en préoccupent
guère. En attendant, tous profitent de cette absence et de la
loi du marché, qui est la seule à régir le secteur.
400 millions d'euros. C'est le chiffre d'affaires que le
coaching a dégagé en France en 2009, selon l'International Coach
Federation. La plus grande association de coach mondiale, fière
de ses 15 000 membres, définit cette activité, encore floue,
comme « une relation suivie dans une période définie qui permet
au client d'obtenir des résultats concrets et mesurables dans sa
vie personnelle ».
Terme emprunté à l'anglo-américain, et au sport plus
particulièrement, « le métier de coach fait chic et moderne, mais
recouvre des exercices bien différents », explique Guy Rouquet,
président de Psychothérapie Vigilance. En France, il a investi
d'abord le domaine du football et de la natation, remplaçant le
mot entraîneur. Puis il s'est généralisé aux autres disciplines
sportives avant de recouvrir d'autres domaines de la vie sociale.
Plusieurs personnalités politiques ou appartenant au monde des
affaires ont un coach privé, personnel, mais de nombreux
particuliers recourent à présent à un coach pour gérer le
quotidien comme ses aléas.
Une lucrative fourmilière qui ne cesse d’enfler,
profitant du vide juridique dans lequel elle baigne. Comment s’y
retrouver, alors ? Nous avons mené l’enquête.
Le psy a un patient, le coach un client
A la différence du psy, qui « aide le sujet la personne
souffrante à surmonter ses peurs, phobies, angoisses, sur le plan
personnel comme relationnel », le coach ne s'inscrit pas dans une
démarche thérapeutique. Son crédo à lui, c'est le développement
personnel. « Le sujet est sain, a des ressources, il est censé
pouvoir faire plus ou faire mieux », explique M.Rouquet. Luc
Teyssier d'Orefuil, de l'ICF (International Coach Federation)
précise également que, là où un psychothérapeute suivra un
patient sur le long terme, le coach n'aidera son client que
ponctuellement « 4 séances doivent suffire, en moyenne ». M.
Teyssier préconise également des séances mensuelles, au
maximum.
Mais si le métier de coach se définit par la négative, en
opposition à celui de « psy », les réalités qu'il recouvre sont
extrêmement diverses. Le terme de coach est « à la fois
fourre-tout et attrape-tout », selon le président de
Psychothérapie Vigilances, pour qui le coaching va « de la
gestion du stress » à « l'organisation de ses vacances », en
passant par « l'apprentissage de la propreté à son chien ». Les
life coachs sont si nombreux et leurs disciplines si variées,
qu'il serait impossible d'en dresser l'inventaire complet. Hypno
coaching, coaching littéraire, coaching relationnel,
d'épanouissement sexuel, motivationnel... Sur Internet, les life
coachs fourmillent.
Parcours shopping, fée du logis et « Placardologie »
Cécile Van Lith propose, pour 100 euros, du
coaching de « placardologie », ou comment garnir son frigo de
produits bio sans renoncer au plaisir. Les membres d'Original
Coach se vantent, eux, « d'éveiller les talents d'artistes qui
sommeillent en vous », pour 360 euros de l'heure. Orchydia
propose enfin aux femmes de « redevenir sauvage et sauvegarder sa
dignité ». La séance découverte de 4 heures vous coûtera 500
euros. Marla Cilley vous transformera en fée du logis pour 70
euros de l'heure, comme les 9 millions de femmes qu'elle a déjà
séduites. Le Studio 22 propose des Parcours de lèche-vitrine dans
Paris, escorté d'un coach, en échange de 180 euros pour 3 heures
d'accompagnement --à ajouter à votre budget shopping. Et puisque,
à la manière des applications iPhone, il y a un coach pour à peu
près tout, certaines ont trouvé leur nouveau crédo : la féminité.
Vanina Gallo est l'une de celles qui estiment la maîtriser.
Sévissant à Paris, elle transforme celles qui sont « trop »
androgynes, working girl, intellos ou effacées en Super
Women...Rayonnantes et désirées. Exit cheveux trop courts, ongles
négligés, couleurs mal assorties, place aux joues fardées, aux
talons et aux décolletées.
Les raisons du succès
Le petit écran n'est pas non plus épargné (voir
encadré). Ce qui irrite particulièrement Luc Teyssier d'Orefuil.
« Le coach à la télé, ce n'est pas du tout du coaching ! Le
coaching, ce n'est pas donner des conseils, c'est avant tout une
conversation ». Et M.Teyssier de poursuivre : « le coaching, ce
n'est pas Super Nanny qui vient chez vous ». Le fondateur du
site Aventure Coaching explique en quoi le terme de coach est
aujourd'hui galvaudé : celui qui conseille, ou dit quoi faire est
consultant. Et non coach de vie.
Comment expliquer un tel essor de la discipline ? « On
n'est plus du tout volontaire, on se soumet sans cesse à toute
autorité supérieure à nous, parce qu'on la pense plus
compétente », expliquait la philosophe Elisabeth Badinter, à
propos du succès de Super Nanny, dans l'Edition spéciale du 3
mars 2010, sur Canal plus. Un point de vue rejoint par Guy
Rouquet, qui estime que « l'individu actuel donne souvent le
sentiment d'être assisté et infantilisé. Il est certain que le
délabrement des liens sociaux et familiaux est capital pour
expliquer le développement de cette pratique ».
Dérives sectaires
Au delà des raisons qui poussent les clients à faire de
plus en plus appel à un coach, ce sont les dangers que peut
occasionner la pratique qui font peur. Le président de
Psychothérapie Vigilances explique que le client peut « vouer un
véritable culte » à son coach de vie, « tellement même que la
machine physique ou cérébrale implose ». D'autant que les
clients sont souvent « en questionnement, fragiles, dans une
période de vie où ils doivent faire un choix capital », d'après
Luc Teyssier d'Orefuil de l'ICF. L'association travaille à cet
effet avec la Mission interministérielle de vigilance et de lutte
contre les dérives sectaires (MIVILUD), pour éviter les abus.
Des
craintes fondées lorsqu'on sait que le co-fondateur de la
fédération française de coaching et dirigeant de VIP training
était un adepte déclaré du mouvement raëlien, organisation
considérée comme sectaire par deux rapports d'enquête
parlementaire. Le développement personnel, de façon plus large,
s'inscrit dans la même mouvance que la théorie de la « dianétique
» de l'Eglise de scientologie, qui veut transformer l'individu en
être supérieur : le Thêtan.
Sans sombrer dans la paranoïa généralisée et, avant de
brandir le drapeau des dérives sectaires, ne faudrait-il pas,
d'abord, s'inquiéter du charlatanisme banal (, des ... profteurs,
faiblesse)? Car, même si aucun recours n'est pour l'instant
possible auprès des tribunaux, l'association Pyschothérapie
Vigilances est de plus en plus sollicitée au sujet de plaintes
pour escroqueries. Des signalements qui sont pour l'instant sans
suite, puisque le coaching est une profession non réglementée. «
N'importe qui peut s'autoproclamer coach », déplore le président
de l'association.
Une profession en roue libre
Il existe pourtant des structures crées pour attester de
la compétence des coachs qui y adhèrent. Parmi elles,
l'Association européenne de coaching (AEC). François Spicq, son
président, précise qu'il existe deux niveaux d'adhésion. On peut
d'abord être simple adhérant. Toute personne qui se dit coach
pourra accéder à ce statut, moyennant paiement. Elle devra
simplement, s'engager à se conformer à la charte de déontologie
de l'association (notamment le respect du secret professionnel et
l'interdiction de tout abus d'influence). Faible gage de
crédibilité.
On peut ensuite être titulaire, à des conditions
plus draconiennes. Une commission vérifie le nombre d'heures de
coaching rémunérées déjà effectuées, la formation du postulant et
les témoignages de quelques clients coachés. L'aspirant titulaire
devra également avoir lui-même réalisé un travail de
développement personnel. L'ICF et à la Société française de
coaching (SFC) disposent de systèmes d'accréditation similaires
et d'une charte de déontologie qui leur est propre, chacune
reposant toutefois sur les mêmes fondements. Une jolie vitrine
qui pourrait en rassurer plus d'un, seulement, pour Guy Rouquet,
« cette certification et cette titularisation n'ont de valeur que
par rapport à l'association qui les dispense. Il s'agit d'un
business ! ».
La loi du marché
En l'absence d'instance neutre pour attester de la
compétence d'un coach, comment reconnaître un charlatan ? Les
tarifs pourraient constituer un critère fiable, seulement les
professionnels eux-mêmes n'ont pas les mêmes vues à ce sujet.
Alors que François Spiq -de l'AEC- se méfie du « coaching à la
sauvette à 50 euros de l'heure », Luc Teyssier d'Orefuil --de
l'ICF- estime au contraire, que ce type de life coaching peut
très bien fonctionner. Et quand on leur parle de tarif
raisonnable, le premier préconise un prix oscillant entre 80 et
600 euros de l'heure, le second, entre 50 et 250 euros. Deux
fourchettes qui restent larges et ne permettent pas de s'y
retrouver.
François Spicq compte pourtant tout mettre en oeuvre
pour qu'à moyen terme (« d'ici 3 à 5 ans »), une législation
européenne encadre le coaching. En attendant, les prix sont
uniquement fixés par la loi du marché. La demande de la clientèle
est le seul élément qui puisse à ce jour influencer les tarifs.
Mais puisque des clients sont prêts à payer 8 000 euros pour bien
draguer, il reste peu d'espoir. Comme le dit Guy Rouquet, « si
des personnes sont prêtes à donner de pareilles sommes pour de
pareils services, c'est leur affaire ».
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