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« La clientèle de reptiles est peut-être un peu plus jeune que la moyenne » (Dr Schilliger)

 

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Le juteux marché des espèces sauvages

 


Claude Batout, douanier spécialisé dans le trafic d'espèces menacées, tient dans ses mains l'un des 188 lézards saisis à Roissy en septembre 2009 (Photo douane française).

Pour l'Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS), le commerce international des espèces sauvages est estimé à plus de 160 milliards d'euros par an et concerne des centaines de milliers de plantes et d'animaux (spécimens entiers ou sous forme de parties ou de produits). Mais ce marché, où la frontière entre le légal et l'illicite est parfois floue, est-il réellement quantifiable ?

43 666 403 animaux vivants ou parties d'animaux ont été exportés légalement depuis l'Asie du Sud-Est entre les années 2000 et 2007. Ce chiffre, proposé dans le mensuel National Geographic France de janvier, est basé sur des données issues de la très sérieuse convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES). Cet organisme a mis en place une réglementation très stricte pour limiter le trafic d'animaux et de végétaux à l'échelle internationale depuis 1973. Malgré ces dispositions, le trafic des espèces menacées d'extinction est la deuxième cause de leur disparition après la destruction de leur habitat naturel selon la direction générale des douanes et droits indirects.

Le 22 février dernier, les douaniers de Calais ont découvert deux « ara cloroptera », superbes perroquets multicolores inscrits à l'annexe II de la Convention de Washington. Les volatiles étaient dissimulés dans une cage à l'arrière d'un Van. Le conducteur a reconnu avoir acheté ces oiseaux lors d'une bourse d'échanges aux Pays-Bas mais n'a pu fournir aux douaniers de justificatif de circulation communautaire ni de factures. Les aras ont donc été saisis puis confiés à la ligue protectrice des animaux de Calais. Dans le même temps à Toulouse, 25 tortues vivantes protégées ont été confisquées lors d'un contrôle dans des entrepôts de stockage d'une société importatrice spécialisée dans la vente en ligne de reptiles. Les spécimens ne répondaient pas aux critères autorisant leur sortie du territoire togolais. Les tortues terrestres « Kinixys Belliana » ne peuvent être exportées lorsqu'elles mesurent plus de 8cm pour des raisons de préservation de l'espèce. Les agents du bureau de douane de Blagnac, avec l'autorisation de la Direction Régionale de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement (DREAL), ont pu réacheminer les animaux vers leur pays d'origine.

Les acheteurs impulsifs ressortent souvent bredouilles

Un retour à l'état sauvage salutaire mais qui n'est pas toujours possible. Pour preuve, les 188 lézards, en provenance du Niger, saisis à l'aéroport de Roissy -- Charles de Gaulle en septembre 2009 n'ont pas eu cette chance. Les reptiles sont actuellement stockés au sein de la structure d'acclimatation du magasin parisien La Ferme Tropicale. « Quand les quantités saisies sont trop conséquentes, les zoos et les capacitaires ne peuvent souvent pas accueillir les animaux. Dans ce cas, on se tourne en dernier recours vers les magasins animaliers » explique Claude Batout, seul et unique douanier français spécialisé sur le respect de la Convention de Washington.

Une situation particulière pour Teddy Moncuit, le directeur d'exploitation de La Ferme Tropicale, qui regrette l'absence d'aide financière pour maintenir en vie cette population importante qu'il ne peut déplacer ou vendre jusqu'au jugement de l'affaire. Le choix de l'enseigne du XIIIe arrondissement ne s'est pas fait par hasard. Le magasin créé par Karim Daoues en 1993 est le plus gros établissement de la capitale consacré à la vente de reptiles et il jouit surtout d'une excellente réputation. Les animaux proposés sont bien entendus en règle par rapport aux normes drastiques imposées par le CITES et l'Union Européenne. Aucun animal venimeux n'est commercialisé et ici, les acheteurs impulsifs ressortent souvent bredouilles. Les dirigeants veulent s'assurer que l'animal vendu bénéficie des conditions optimales de détention chez le particulier. Une volonté éthique bien éloignée de ce qui se passe sur les quais de la mégisserie.

Des conditions de maintenance douteuse dans des magasins parisiens

A deux pas de Chatelet, les animaleries s'alignent sur le bord de la Seine. Les vendeurs portent une blouse blanche « pour ne pas souiller leurs vêtements civils » selon l'un d'entre eux. Mais il ne faut pas se leurrer sur le sens caché de l'habit qui permet aux vendeurs d'être vus comme des experts plus proches des vétérinaires que des commerciaux. Ici, les conditions de maintenance sont loin du standing de La Ferme Tropicale. Pas de cachette pour les reptiles et un périmètre exigüe dans lequel l'animal peut à peine se mouvoir. L'idée de repartir avec un terrarium et une tortue, sans aucune garantie que l’on ne s'occupe convenablement de notre pensionnaire animalier, ne semble pas embêter le vendeur expert en reptiles.

Allain Bougrain-Dubourg tempère. « Au niveau des magasins animaliers du quai de la mégisserie, il y a vraiment du mieux. Ces enseignes sont beaucoup plus contrôlées que par le passé. Il y a 30 ans, ces commerces servaient d'anti-chambre à de nombreux trafics d'espèces menacées sans être inquiétés » explique le président de la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO). Si le milieu s'est assaini à quelques encablures du Louvre, l'historique « marché aux oiseaux », qui prend ses quartiers tous les dimanches sur l'Ile de la Cité, n'est toujours pas d'une transparence cristaline. « Il y a encore quelques semaines, des opérations ont été conduites sur le marché par les policiers » évoque Allain Bougrain-Dubourg. Depuis 2002, plus de 200 oiseaux détenus illégalement ont été découverts sur place grâce à un travail conjugué des fonctionnaires
de police du commissariat central du 4e arrondissement et des membres de la LPO.

Les particuliers, des trafiquants insoupçonnés

Les volatiles du marché parisien ne sont pas les seuls touchés par les trafics. De nombreux particuliers ne résistent pas au plaisir de ramener de leur voyage exotique un petit singe magot ou une tortue terrestre. « Beaucoup de singes magots sont vendus aux touristes dans les pays d’Afrique du Nord. Les gens les ramènent chez eux comme si c’était un animal de compagnie. Or, c’est une espèce sauvage dont l’équilibre psychologique est difficile à l’âge adulte et qui dévaste les appartements. Les gens cherchent alors à s'en séparer et les singes risquent l'euthanasie si nous ne réussissons pas à les placer » regrette Constance Cluset, responsable communication de la Fondation Brigitte Bardot. Heureusement pour les primates, la plupart d'entre eux trouve refuge au parc zoologique de Saint-Martin-la-Plaine à proximité de Lyon. Mais la structure soutenue par la Fondation de l'ancienne actrice commence à manquer de places pour recueillir de nouveaux magots.

Nombre de reptiles d'Afrique du Nord sont aussi concernés par ces déplacements liés à l'activité touristique. Le Docteur Lionel Schilliger, vétérinaire praticien spécialiste des reptiles, ne compte plus les tortues grecques dépourvues de papiers que ses clients amènent à son cabinet. « Ce sont des animaux qui ont été ramenés d’un voyage à Marrakech ou Djerba. Les gens, de bonne foi ou non, les ont rapporté en pensant que c’était autorisé car cette espèce ressemble à nos tortues de jardin. Mais il y a aussi des gens qui en achètent plusieurs pour les revendre en France » indique le vétérinaire parisien. Pour Nicolas Vidal, chercheur spécialiste des crocodiles, serpents et autres caméléons au Muséum d'Histoire Naturelle de Paris, le trafic de reptiles est « négligeable. Ces pratiques ne mettent pas en danger les populations comme les crocodiles ou les serpents car ils se reproduisent très bien en captivité comme on a pu le voir avec l'alligator qui pullule aujourd'hui en Californie après avoir failli disparaître. Par contre, les trafics peuvent avoir une réelle influence sur les populations endémiques. Mais cela reste minime quand on compare ce phénomène avec la déforestation. » Roger Bour, collègue de Nicolas Vidal spécialisé dans les Chélonidés, a un avis différent en ce qui concerne les tortues. « On dit que les terrariophiles dépeuplent tout, constate le chercheur, en fait, ça ne représente rien. Plus que les trafics à partir de l'Afrique du Nord, le vrai problème se situe en Asie du Sud-Est où l'on traque les tortues pour leur viande et leurs vertus médicinales. En Chine, toutes les tortues indigènes ont été éliminées. Du coup, les Chinois s'attaquent aux spécimens situés dans les pays limitrophes et la faune est en réel danger là-bas ».

Les cirques aussi possèdent des animaux dépourvus de papiers

Plus surprenant, les cirques ne sont pas épargnés par les trafics d'animaux sauvages. Le cirque Pinder possédait des éléphants sans papiers depuis plus de 40 ans. Beaucoup de fauves ne sont pas en règle dans ces structures. La Fondation 30 millions d'amis tentent de récupérer ces animaux détenus illégalement afin de leur faire passer le reste de leur existence dans leur pays d'origine, si cela est possible, ou dans un zoo. Tout comme la Fondation Brigitte Bardot, la Fondation 30 millions d'amis souhaite interdire la présence des animaux dans les cirques, ce qui existe déjà au Danemark. Constance Cluset fait également part de son incompréhension quant à la tenue d'émission télévisée comme La Ferme des Célébrités qui montre des animaux sauvages élevés par des peoples. « Cela peut créer des confusions chez les gens qui regardent ce programme. Ils peuvent avoir envie d'adopter un guépard car il trouve ça mignon.»

Au final, en 2008, les services douaniers ont effectué 691 constatations pour un total de 9 273 spécimens interceptés dont 690 animaux vivants. 305,7 kg d'ivoire et 157,6 kg de caviar ont également été saisis. Des chiffres dont il faut se méfier selon Claude Batout : « Ce n'est pas évident de calculer en terme de saisies ». Un avis que partage Stéphane Ringuet, chargé de programme Trafic au sein de la World Wild Fund (Fonds Mondial pour la Nature -- WWF), qui déplore le manque de moyens mis en oeuvre et s'interroge sur la réelle volonté de contrôler. Le douanier Claude Batout préconise l'harmonisation des politiques européennes de lutte contre les trafics afin d'accroître l'efficacité de leurs actions. Pour lui, l'urgence en France se situe dans la construction d'une zone de quarantaine sur laquelle il travaille avec Allain Bougrain-Dubourg afin que les animaux ne soient plus euthanasiés faute d'endroits pour les recevoir dans les plus brefs délais. Mais l'ancien banquier, venu au métier de douanier par passion des animaux, ne se fait guère d'illusions : « Les animaux passent en dernier dans les préoccupations gouvernementales ».

Fabien Madigou

     

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